Canneberge
Fiche de synthèse
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Nom commun
Canneberge, cranberry (anglais)
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Autre(s) nom(s)
Grande canneberge, airelle à gros fruits, raisin d’ours, canneberge américaine,
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Nom(s) scientifique(s)
Vaccinium macrocarpon
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Famille
Ericaceae
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Origine
Amérique du Nord
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Partie(s) utilisée(s)
Fruit
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Principaux actifs
Polyphénols (notamment Proanthocyanidol A)
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Propriété(s) associée(s)
Prévention des infections urinaires, antioxydant
Qu'est-ce que la canneberge ?
La canneberge appelée aussi Cranberry (nom anglo-saxon), est une petite baie originaire des USA au goût sucré et acide. Elle est depuis longtemps connue pour ses vertus préventives contre les cystites. Elle peut être utilisée dès les premiers troubles de la miction ou en prévention chez les personnes sujettes aux infections urinaires à répétition.
Cette baie, riche en polyphénols et en vitamine C possèdent d’excellentes vertus antioxydantes.
Origine, habitat et culture
Vaccinium Macrocarpon est une plante de la famille des Ericaceae. Elle croît dans les marais et tourbières des régions froides et humides d’Amérique du Nord. 95% de la production mondiale de Canneberge se fait aux USA et au Canada.
Elle pousse naturellement sur les sols acides et sablonneux, et résiste à des températures extrêmement basse. La plante se met en dormance hivernale et commence sa croissance au printemps. Les fruits sont récoltés de fin septembre à mi-octobre.
Connue depuis longtemps, la canneberge était utilisée, crue ou séchée, par les amérindiens pour traiter les problèmes gastriques, hépatiques et rénaux mais aussi en prévention des infections urinaires ou en cataplasme pour désinfecter les plaies.
Les amérindiens se servaient également de cette baie comme teinture pour les vêtements, pour les peintures de guerre et comme monnaie d’échange.
Les baies séchées étaient utilisées dans un plat appelé pemmican : mélange de Cranberry, viande séchée et graisse. Cet ajout de canneberge permettait de conserver la viande et le poisson mais aussi d’y ajouter du goût et des vitamines.
Les premiers colons ont découvert cette baie grâce aux Amérindiens, les pères fondateurs fêtaient avec les Amérindiens la chasse des dindes et la cueillette des Cranberry c’est d’ailleurs depuis cette époque qu’est née la fameuse tradition de « thanksgiving » où les américains dégustent la dinde accompagnée de sa sauce aux cranberries.
Les Colons emportaient la baie lors de leur long voyage en mer ce qui leur a permis de lutter contre le scorbut sans véritablement savoir que c’était dû à ce petit fruit.
Apparence, composition et format
La canneberge est une plante vivace, vigoureuse, rampante, à croissance très lente et sempervirente. Elle ne mesure pas plus de 30 centimètres. Les feuilles sont petites et peu nombreuses. Les fleurs apparaissent de fin juin à début juillet à l’extrémité des rameaux supérieurs.
En début de floraison elles poussent vers le sol et ressemblent à une tête de grue, c’est pourquoi les colons baptisèrent cette plante « crane berry » qui veut dire « baie de grue ».
Le fruit de la canneberge est une baie ronde et rouge plus ou moins foncée, elle mesure 1 à 2 cm de diamètre. Il est croquant, ferme, acide et astringent (due à la présence de tanins).
Cette baie est consommée fraiche ou séchée sous diverses formes, en grande majorité sous forme de jus, mais on peut également la trouver en gélule ou comprimé, en surgelé ou dans des produits transformés (confiture, biscuits, coulis…).
L’analyse chimique de la baie de canneberge révèle la présence majoritaire d’eau, de sucre (12 à 13%) essentiellement du fructose, du glucose et du saccharose, de fibres (4,2%), très peu de lipides et de protéines.
On note aussi la présence d’acides phénoliques 44% (acide malique, citrique, benzoïque), diverses vitamines, notamment A, C, E et K, mais aussi des minéraux et des oligoéléments.
Les polyphénols (tanins) sont présents en quantité importante (56%) notamment les proanthocyanidols A et B (PAC A et PAC B) responsables de la couleur rouge du fruit, et de la quercétine.
Propriétés et effets recherchés
Prévention cystite (infection urinaire)
La canneberge est depuis toujours connue pour ses effets préventifs contre les cystites.
Escherichia Coli est la bactérie responsable de près de 80% des infections urinaires, cette bactérie se fixe à la paroi urothéliale grâce à une protéine appelée fimbriae ou adhésine.
Les PAC de la canneberge et plus spécifiquement les PAC A ont la particularité d’inhiber l’adhésion de cette bactérie aux cellules de la paroi urothéliale grâce à plusieurs mécanismes :
- Inhibition de la synthèse des protéines Fimbriae
- Déformation d’Escherichia Coli
- Modification du potentiel électrique de la surface bactérienne
Les PAC B ne présentent pas cette propriété préventive contre les cystites ce qui explique pourquoi de nombreux autres fruits (pomme, myrtille, raisin...) ou plante (thé vert) riche en PAC B n’ont aucune activité sur Escherichia Coli. Les essais réalisés à ce jour n’ont pas pu démontrer la corrélation entre diminution de l’incidence des cystites et consommation de canneberge, en effet ces études présentaient souvent des biais méthodologiques (populations trop peu nombreuses, problèmes d’observance, extraits de canneberge non standardisé…). Des essais bien réalisés seraient intéressant afin de confirmer le potentiel de cette baie sur la prévention des infections urinaires.
Cependant, la canneberge reste à ce jour le traitement première intention dans la prévention des cystites.
Antioxydant et diminution des risques de maladies cardiovasculaires
Du fait de ses hautes concentrations en acide phénolique et en polyphénols (notamment les PAC), la canneberge fait partie des fruits aux vertus anti oxydantes les plus importantes.
Ainsi en empêchant l’oxydation des LDL (mauvais cholestérol) la canneberge diminuerait le risque d’athérosclérose.
Action sur la plaque dentaire
Plusieurs études ont démontré que les polyphénols de la canneberge, pouvaient jouer un rôle dans le traitement et/ou la prévention de la carie dentaire mais aussi diminuer la formation de la plaque dentaire et l’apparition de maladies parodontales.
Cependant il est évidemment préférable de consommer la canneberge en gélules plutôt qu’en jus, trop riche en sucre et trop acide.
Dosage et posologie
La dose efficace recommandée dans la prévention des cystites est de 36 mg par jour de proanthocyanidine.
L’action est maximale au bout de 6 heures et disparait après 24 heures.
Contre-indication, danger(s) et effet(s) secondaire(s)
Les effets les plus fréquents rapportés regroupent des irritations de la muqueuse gastrointestinale. Ces irritations pouvant être dues aux tanins qui sont astringents, des reflux, des nausées modérées et des contractions intestinales.
La consommation prolongée de canneberge (riche en acide oxalique) chez les individus sujets aux lithiases rénales oxaliques est déconseillée.
Il est recommandé de surveiller régulièrement son INR en cas de prise concomitante de Warfarine.
La consommation est possible pendant la grossesse et l'allaitement.
Associations suggérées
Prévention cystite : Bouleau, Busserole, Bruyère, Chiendent
Diurétique : Piloselle, Reine des près, Thé vert
Antiseptique urinaire : Santal Blanc
Informations complémentaires
Le goût de la canneberge (légèrement acide et astringent) peut être une des causes de l’arrêt du traitement. Dans ce cas, la prise de canneberge en gélule ou comprimé est préconisée.
Sources
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