Harpagophytum
Fiche de synthèse
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Nom commun
Harpagophytum, griffe du diable, racine de Windhoek
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Autre(s) nom(s)
Devil’s claw, grapple plant, wood spider, teufelskralle (Allemagne), cuernos del diablo (Espagne), Duiwelsklou (Namibie), sengaparile (Botswana)
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Nom(s) scientifique(s)
Harpagophytum procumbens
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Famille
Pedaliaceae
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Origine
Régions désertiques du sud de l’Afrique (Namibie, désert de Kalahari, Afrique australe)
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Partie(s) utilisée(s)
Racines secondaires
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Principaux actifs
Glucosides iridoïdes : harpagoside +++, harpagide, procumbine, Polysaccharides, acides phénoliques et flavonoïdes
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Propriété(s) associée(s)
Anti inflammatoire - analgésique | Troubles digestifs | Stimulation de l’appétit
Qu'est-ce que l'harpagophytum ?
L'harpagophytum est une plante de la famille des pédaliaceae (famille du sésame) originaire des régions semi-désertiques d'Afrique du Sud. Son nom tiré du grec signifie « harpon végétal » en raison de la présence de crochets acérés en forme de griffe au niveau de ses fruits. Elle peut atteindre jusqu’à 2 m de long.
Son potentiel thérapeutique fut découvert au début du XXème siècle. Les autorités sanitaires européenne (EMEA) et l’OMS reconnaissent les vertus de l’harpagophytum procumbens pour soulager les douleurs mineures articulaires, les lombalgies, et les troubles digestifs légers comme des ballonnements, flatulences et la perte d’appétit.
Origine, habitat et culture
Originaire du sud de l’Afrique, l’harpagophytum procumbens s’étend du désert du Kalahari jusqu’en Afrique australe en passant par les steppes de la Namibie. C’est une plante utilisée depuis des centaines d’années, et encore aujourd’hui, par diverses tribus sud-africaines (Hottentots, Bochimans, Bantous, Khoisan).
L’harpagophytum étaient réputés pour soulager les douleurs articulaires, les rhumatismes et les lombalgies, mais aussi pour stimuler la digestion, traiter les allergies et les maux de tête. Pour atténuer les douleurs liées à l’accouchement les femmes ingéraient de la poudre d’Harpagophytum et s’appliquaient un cataplasme sur l’abdomen. La racine était appliquée en pommade sur les brûlures, les plaies, les foulures et entorses.
C’est un fermier allemand vivant en Namibie au début des années 1900 qui, au contact des peuples locaux, découvrit le potentiel thérapeutique de l’harpagophytum. Il en envoya un échantillon en Allemagne où ses vertus thérapeutiques ont été mises en évidence. Très vite son utilisation devint populaire en Europe pour les indications traditionnelles : rhumatisme, manque d’appétit et troubles digestifs.
Apparence, composition et format
L’harpagophytum procumbens, est une plante de la famille des pédaliaceae (famille du sésame). Tiré du grec, harpagophytum signifie « harpon végétal » (harpagos = crochet et phyton = plante)
C'est une herbacée vivace à tiges rampantes pouvant atteindre jusqu’à 2 mètres de long. Originaire des régions semi-désertiques sud-africaines, elle pousse sur des sols sableux et argileux. Ses racines se trouvent à un mètre de profondeur environ, de celles-ci naissent des racines secondaires munies de protubérances ou tubercules qui peuvent peser jusqu’à 500 grammes : ce sont ces tubercules qui sont utilisées pour leur action thérapeutique. Ces derniers atteindront une taille exploitable (4 à 6 cm de diamètre 15 à 25 cm de long) au bout de 3 à 4 ans.
Ses fruits sont munis de crochets acérés en forme de griffe qui s'accrochent à la gueule et aux poils des petits animaux ou encore aux sabots des ovins et des bovins ; ceux-ci s'agitent frénétiquement et sont comme possédés par le diable, d’où son appellation commune de « griffe du diable ».
Les peuples indigènes du sud de l’Afrique connaissaient les multiples vertus de l’harpagophytum et l’utilisaient pour soulager divers maux. C’est bien des années plus tard que la plante fut découverte et importée en Europe. L’harpagophytum devint d’ailleurs si populaire qu’il commença à se raréfier. Il est encore aujourd’hui très plébiscité par les autochtones sud-africains mais également à travers le monde.
Propriétés et effets recherchés
Anti-inflammatoire et analgésique
La racine d’harpagophytum est composé d’iridoïdes, notamment l’harpagoside et l’harpagide qui sont reconnus pour avoir des vertus anti-inflammatoires et analgésiques.
Le mécanisme n’est pas encore totalement élucidé, mais il semblerait qu’une combinaison d’action serait à l’origine des effets bénéfiques de l’harpagophytum sur les articulations :
- L’harpagophytum va inhiber la production des médiateurs de l’inflammation en agissant à différents niveaux de la « cascade inflammatoire ».
- Il semblerait que la plante inhibe les enzymes responsables de la dégradation du cartilage (métalloprotéase matricielle et élastase).
- Les radicaux libres attaquent le cartilage et dégradent l’acide hyaluronique qui est le composant majeur du liquide synovial, ce dernier voit sa viscosité augmenter et ne peut plus jouer son rôle de « protecteur des articulations ». Il semblerait que l’harpagophytum puisse lutter contre les radicaux libres, ce qui potentialiserait d’autant plus son effet anti inflammatoire.
De nombreux essais cliniques ont été réalisés pour démontrer les effets bénéfiques de l’harpagophytum sur les douleurs liées à l’arthrose.
L’une d’entre elle a comparé l’harpagophytum à la molécule de référence prescrite dans le traitement de l’arthrose de la hanche et du genou (la diacerhéine), cette étude conclue que l’harpagophytum était au moins aussi efficace que la diacerhéine mais mieux toléré.
Une autre étude a comparé la griffe du diable à un AINS (la phenylbutazone) : les patients ayant pris l’harpagophytum ont ressenti une amélioration de la douleur et ont rapporté moins d’effets indésirables que ceux sous phénylbutazone.
Il semblerait que l’extrait de racine d’harpagophytum se révèle être plus efficace que l’harpagoside seul, ce qui signifie que d’autres substances contenues dans la racine sont impliquées dans l’action anti-inflammatoire et agissent en synergie.
Troubles de la digestion
L’harpagophytum est utilisé pour stimuler l’appétit et faciliter la digestion par augmentation de la production des sucs gastriques.
Dosage et posologie
Douleurs articulaires, douleurs lombaires et arthrose
1,5 à 6 grammes par jour, à répartir 3 fois par jour pendant le repas.
L’ESCOP (la coopération scientifique européenne en phytothérapie) préconise de poursuivre le traitement durant au minimum deux à trois mois pour ressentir les effets bénéfiques de l’harpagophytum au niveau articulaire.
Troubles digestifs
0,6 à 4,5 grammes par jour, à répartir 3 fois par jour pendant le repas.
Stimulation de l’appétit
0,6 à 1,5 grammes par jour avant le repas.
Contre-indication, danger(s) et effet(s) secondaire(s)
Précautions d’emploi :
- L’usage de l’harpagophytum n’est recommandé ni avant l’âge de 18 ans, ni chez la femme enceinte ou allaitante
- Selon le dosage, il peut être conseillé aux personnes souffrant de troubles cardiaques, d’hyper ou d’hypotension, de consulter un médecin avant la prise.
- Diabétiques : l’harpagophytum diminue les taux de glucose sanguin. Surveiller attentivement sa glycémie.
Contre-indications :
- Les ulcères gastriques et duodénaux
- En cas de lithiase (calculs) biliaire, la prise d’harpagophytum ne peut s’envisager qu’après consultation d’un médecin (augmentation de la production de bile par l’Harpagophytum).
- Diabète mal équilibré
Effets indésirables :
Généralement bien toléré aux doses recommandées, on peut noter parfois des troubles bénins comme des diarrhées, des douleurs abdominales ou des troubles gastro-intestinaux. Quelques cas de manifestations allergiques cutanées et de céphalées ont été rapportées.
Interaction(s)
- Antidiabétiques oraux : Augmentation de l’effet hypoglycémiant. En cas d’association, surveiller attentivement votre glycémie.
- Inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) : Diminution de l’activité́ des IPP L’Harpagophytum inhiberait l’action des IPP par augmentation de la production d’acide gastrique. En cas d’association, surveillance des signes cliniques d’inefficacité́ (douleurs gastriques non soulagées).
- Warfarine : Augmentation de l’activité́ de l’anticoagulant donc le risque de saignement est accru. En cas d’association, surveillance rigoureuse des signes cliniques d’hémorragies. L’association est à éviter.
- Antiagrégants plaquettaires : Augmentation de l’effet antiagrégant En cas d’association, surveillance rigoureuse des signes cliniques d’hémorragie. L’association est à éviter.
Associations suggérées
Informations complémentaires
L’harpagophytum est fréquemment utilisé chez les animaux (chevaux, chiens) pour soulager les douleurs articulaires et l’arthrose.
Sources
Actualités Pharmaceutiques-Volume 47, Issue 477, September 2008, Pages 55-57
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